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La femme philosophe (I) « Le nombre des femmes qui ont écrit est si grand qu’on pourrait avec leurs seuls noms remplir un immense recueil. Mais la plupart d’entre elles se sont adonnées à des genres d’agrément – la rhétorique, la poésie, l’histoire, la mythologie, ou les élégances du genre épistolaire. Il n’en manqua pourtant pas d’assez nombreuses qui se consacrèrent à la discipline plus austère de la philosophie ». L’excellent érudit qui commence ainsi son Histoire des femmes philosophes écrivait en 1689 et, si j’en crois l’index qui clôt son volume, il rédigea 45 notices, compilées à partir de sources antiques d’une fiabilité douteuse. Celles-ci ne nous apprennent hélas presque rien de ces femmes, dont aucun écrit ne subsiste. Ironie de l’histoire, l’érudit s’appelait Gilles Ménage, et ces premières intellectuelles restent donc avant tout pour nous les femmes de Ménage.

Trois siècles plus tard, on reste frappé de la durable vérité des mots que j’ai cités. Ludwig Wittgenstein (1889-1951) (À suivre) Like this: Elizabeth Anscombe (la femme philosophe, II) Un Français a parfois du mal à prendre la mesure de ce fait étonnant : ailleurs que chez nous, les grands philosophes de l’histoire moderne ont généralement été formés à l’Université et, bien souvent, ils y ont fait carrière. Depuis Descartes, il nous semble au contraire que le véritable sérieux, sinon le génie, ne peut s’épanouir qu’en dehors du cadre contraignant et ritualisé d’une vie universitaire. L’Université nous paraît condamnée à ne produire que des professeurs de philosophie – parfois doués, souvent ennuyeux – mais sûrement pas des philosophes au sens noble et profond. C’est donc toujours avec un certain étonnement que nous découvrons à quel point, hors de nos frontières, le savoir et le génie sont inséparables des grandes villes universitaires : Königsberg, Iéna, Heidelberg, Glasgow, Oxford ou Cambridge, pour ne citer que les plus fameuses.

Trinity College, Cambridge Elizabeth Anscombe appartient à cette lignée de philosophes dont la pensée est inséparable de l’enseignement. L’utilitarisme et la condamnation judiciaire des innocents. De l’usage de la grammaire : Wittgenstein et Anscombe. Elizabeth Anscombe est connue pour son analyse de l’intention (« en termes de langage ») et pour avoir ainsi remis au goût du jour la philosophie de l’action (dont la source est Aristote). Elle se présente à la fois comme l’élève de Wittgenstein (dont elle fut l’amie, l’exécutrice et la traductrice) et comme l’auteur d’une œuvre originale et indépendante (comme en témoignent les discussions dont elle fait l’objet dans la philosophie de langue anglaise, ainsi que l’usage qu’en fait, en France, Vincent Descombes).

Anscombe, que Wittgenstein juge (dans une lettre à Rush Rhees de 1944) « à coup sûr, très intelligente », est en effet l’héritière de la méthode wittgensteinienne de l’analyse grammaticale, qu’elle conçoit comme une explicitation, non seulement des règles d’usage du langage, mais aussi des implicites sémantiques, conceptuels et logiques qui sous-tendent ces usages. Dans le sillage de Wittgenstein À la question « Wittgenstein : un philosophe pour qui ?

Elisabeth Anscombe et la morale : une brève introduction. - Les philosophes antiques à notre secours.