Boohoo accusé de travail forcé, une enquête ouverte. Quand la fast fashion devient un problème de santé publique - Travailler au futur. Image Gravity Studio/Noun Project.
Vendredi 10 juillet 2020. Par Marc Malenfer, Michel Héry, INRS, mission Veille et prospective. Le 29 juin 2020, les autorités britanniques ont annoncé un renforcement des mesures de confinement dans la ville de Leicester1. 10.000 "esclaves" dans des ateliers textiles en Angleterre. Boohoo s'effondre, un fournisseur accusé de pratiques quasi-esclavagistes. L'action de Boohoo continuait à plonger mercredi, les investisseurs se détournant du groupe d'habillement britannique depuis la publication d'informations de presse accusant l'un de ses fournisseurs de pratiques quasi-esclavagistes et d'avoir contribué à propager le coronavirus.
"La roue tourne pour Boohoo" dont la "gestion de la crise ne parvient pas à mettre fin au scandale", remarque Russ Mould, analyste du courtier AJ Bell. L'action dégringolait encore de 14,61% mercredi en fin de matinée et a fondu de 42% depuis le début de la semaine. "Le retournement est assez spectaculaire. Il y a encore quelques semaines tout le monde saluait Boohoo pour avoir réussi à se développer pendant la pandémie et son action atteignait des records", relève M. Tout savoir sur la polémique Boohoo. C'est une histoire de droits des travailleurs textiles bafoués qui n'a plus rien d'étonnante, si ce n'est le fait que, pour une fois, elle ne se situe pas à l'autre bout du globe, mais Outre-Manche, en Angleterre.
Depuis le 5 juillet dernier, Boohoo entreprise britannique lancée en 2006, fait l’objet de graves accusations à la suite de la publication d’un rapport de Labor behind the label (Le travail derrière les marques, ndlr), une plateforme qui vise à "améliorer les conditions et à autonomiser les travailleurs de l'industrie mondiale du vêtement". L'entreprise qui appartient au milliardaire Mahmud Kamani, et détient également boohooMan, Nasty Gal, Pretty Little Thing and MissPap, est accusée de ne pas protéger ses employés du coronavirus, participant de fait à sa propagation dans la ville anglaise, et, surtout, d'entretenir un esclavage moderne. On vous explique. Boohoo connaissait les mauvaises pratiques de ses fournisseurs. Londres - Le groupe d’habillement britannique Boohoo était au courant des conditions de travail déplorables chez certains de ses fournisseurs en Angleterre des mois avant que n’éclate un scandale qui a terni son image et fait plonger son titre en Bourse, selon un rapport d’enquête publié vendredi.
Cette enquête a été commandée par la société elle-même afin de faire la lumière sur ces pratiques, notamment un niveau de salaire très en-dessous des minima légaux, qui s’assimilaient presque à de l’esclavage selon l’association de défense des droits des travailleurs Labour Behind the Label, à l’origine des révélations en juillet. Spécialisée dans la “fast fashion” éphémère et bon marché, orientée vers les jeunes, Boohoo comprend plusieurs marques distribuées à l’international pour des ventes annuelles de plus d’un milliard de livres. L’enquête note par ailleurs que Boohoo a profité du reconfinement décidé à Leicester pendant l’été à cause de la résurgence du coronavirus. Crédit : Boohoo. Travail illégal : comment le Covid-19 a mis au jour le lourd secret de Leicester. Un peu partout dans le monde, le Covid-19 agit comme un révélateur des dysfonctionnements des sociétés ou des économies.
A Leicester, en Angleterre, l’épidémie a remis en lumière un scandale déjà dénoncé à plusieurs reprises ces dernières années, mais contre lequel très peu a jusqu’à présent été entrepris : des milliers de personnes travaillent pour l’industrie textile locale, avec des salaires d’environ 3,50 livres sterling l’heure (3,86 euros), bien moins que le minimum légal (8,72 livres sterling pour les salariés âgés de 25 ans et plus). Les contaminations repartant fortement à la hausse sur place en juin, le gouvernement britannique a réimposé début juillet un confinement strict dans cette grande ville des Midlands, connue pour sa très forte communauté issue du sous-continent indien (37 % de la population locale). StockBeat : Boohoo lutte pour se débarrasser de la souillure du travail des esclaves Par Investing.com.
© Reuters Par Geoffrey Smith Investing.com -- Le passé de Boohoo le rattrape, une fois de plus.
La chaîne de mode rapide basée au Royaume-Uni a vu son titre chuter de plus de 7 % à un moment donné mardi, après que Sky News ait rapporté que la société était confrontée à une possible interdiction d'importation aux États-Unis en raison d'allégations antérieures d'utilisation de main-d'œuvre esclave dans sa chaîne d'approvisionnement. PwC n'auditera plus les comptes de Boohoo. Boohoo, l'emblème d'une mode qui va trop vite. Le géant britannique de la mode rapide est en pleine tourmente : chute boursière, allégations d'esclavagisme moderne, flambée de cas de coronavirus dans ses usines...
Retour sur une polémique qui questionne l'envers du vêtement. C’est l’histoire d’un empire qui ne connaissait pas la crise. Pas même celle du Covid, pouvait-il croire. Qui, rappelons-le, a sonné toute une industrie, dont une concurrence (Zara, H&M…) réputée robuste dans le secteur de la mode. En plein séisme, Boohoo a pu en effet s’enorgueillir de résultats éclatants : entre mars et mai dernier, ses ventes se sont accrues de moitié par rapport à la même période en 2019.