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1973, matrice de notre modernité. Au jeu des décennies, les seventies semblent donner une réplique sévère, parfois hideuse, à des sixties réputées plus insouciantes. Certains y ont vu le rêve en cellule de dégrisement. En réalité, les années 1970 ont hérité des sixties : il en résulte un singulier mélange, comme en témoigne l'année 73, qui est aux années 1970 ce que fut 68 pour la décennie précédente, à ceci près que l'une était un tremplin et l'autre un toboggan. Ce qui meurt en 68, c'est cette survivance culturelle des morales bourgeoises du XIXe siècle, qui étouffait des sociétés du plein-emploi. En France, il y aura deux après-mai, comme le montre le film d'Olivier Assayas. Un après-mai gauchiste, et un après-mai socioculturel.

Le premier dure jusqu'à la mort, en 1972, de Pierre Overney. Ce gauchisme de masse va finir par s'auto-dissoudre au profit de l'autre. La modernité de 68, c'est l'accélération de la féminisation du monde. L'autre modernité des années 1960 est technologique. "L'humanité n'a cessé d'inventer de nouvelles formes de mariage et de descendance" Chine : cinq générations au pouvoir. Biologie et homoparentalité. Défi solidaire. Face à des institutions figées, inventons une nouvelle gouvernance culturelle.

Les Français et les patrons : une histoire d'amour-haine. LE MONDE | • Mis à jour le | Par Patrick Fridenson, historien D'instinct, tout le monde sait qu'il y a en Allemagne ou aux Etats-Unis une culture d'affaires qui n'est pas la même qu'en France. L'opinion a ainsi conscience de ce que les sociologues appellent la variété des capitalismes, un concept employé par opposition à celui de capital. Pour autant, l'opinion publique française n'a pas d'idée claire sur ce qui passe aux Etats-Unis, où les grands groupes semblent occuper tout l'espace. Or cela est faux, car la première force de l'économie américaine, ce sont les petites entreprises et leur capacité de spécialisation ; la seconde, il faut bien dire qu'aujourd'hui ce sont les universités et les instituts de recherche. En ce qui concerne la France, il convient d'aller à contre-courant des idées reçues et de remonter le fil de l'histoire.

Une partie des représentations actuelles à l'égard des entreprises s'est formée avant la Révolution. Au XIXe siècle, les attitudes se compliquent. Vivons-nous vraiment en démocratie? Dans «Principe du gouvernement représentatif», initialement publié en 1993 et réédité le 10 octobre, Bernard Manin remet en cause l'élection au suffrage universel comme quintessence de la démocratie. Il explique pourquoi nos démocraties modernes n'en sont pas vraiment et pourquoi les révolutionnaires des XVIIe et XVIIIe siècles ont préféré mettre en place un système aristocratique plutôt qu'un gouvernement du peuple par le peuple. «Principe du gouvernement représentatif.» Avec un titre pareil, ce livre ne figurera sans doute pas parmi le top des ventes de la Fnac. Malgré sa couverture jaune pétante et la mention «postface inédite», il a peu de chance d'être l'objet d'un achat impulsif.

Pourtant, je plaide pour que cet ouvrage soit distribué à toute personne en âge de voter, voire même remboursé par la sécurité sociale. Car Bernard Manin, direteur d'études à l'EHESS et professeur à la New York University, s'attaque ici aux fondements mêmes de notre système politique. Emmanuel Daniel.